vendredi 26 avril 2013

Un bar à Rugueux, par Christophe Paviot

Ballon de rugby - Avant-dernière entrée -
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grandes images)- avril 2013
Bon extrait et beau tableau, happé au vol dans l'avant-salle du roman de Christophe Paviot, La guerre civile est déclarée (Editions Dialogues, à paraître le 7 mai 2013).

"En lançant son bar; le patron du Webb décidait d'orienter son établissement vers l'ovalie, une coloration à faible coût. On vaporise un univers flou sur du vide, on ouvre des tablettes de trente-deux dents et le bar est lancé. En ciblant la coupe du monde de rugby à XV, le Trophée Webb Ellis, un hommage à l'inventeur du rugby, le boss des lieux embrassait d'emblée tout un segment de valeurs, des images et une histoire aussi. Il n'avait plus à se creuser la tête pour la déco, ni pour donner une âme à des murs dénués de charme. Les néons verts plaqués sur la vitrine annoncent la couleur dans la nuit. Le patronyme Webb Ellis vient s'inscrire de part et d'autre de la porte que l'on franchit en escaladant quatre ou cinq marches. A l'intérieur, la chaleur vous enflamme immédiatement, pareille à l'explosion d'un camion-citerne. On entre, on participe. Quelques écrans plats flirtent avec le plafond, des rectangles bordés d'anthracite qui diffusent des retransmissions de matchs historiques dans l'indifférence. Les murs badigeonnés d'un jaune maladif, luttent avec une multitude d'encadrements et de PLV (Publicités sur le Lieu de Vente). De vieux exemplaires de L'Equipe ont été mis sous verre en souvenir des exploits de la France contre l'Angleterre. Le Stade Toulousain est aussi à l'honneur sur ces murs, un drapeau à ses couleurs mange même une partie du plafond lie de vin. De vieux ballons de rugby craquelés par le temps, de vieilles godasses aussi rigides que du carbone, des maillots, des écharpes de supporters, tous ces objets sont dispersés sur les étagères entre les bouteilles et les verres. Les gens qui fréquentent cet endroit sont des habitués, la majorité a déjà dansé sur le bar, certains exposent surtout leur caleçon ou leur soutien-gorge à la face du monde en hurlant des titres de variété. Dès qu'il pousse la porte, Arnaud aperçoit Didier, long phasme immobile accoudé au comptoir, à gauche en entrant dans le bar."

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