Ballon de rugby - Avant-dernière entrée - Page 5 de Google search (options : N&B, grandes images)- avril 2013 |
"En lançant son bar; le patron du Webb décidait d'orienter son établissement vers l'ovalie, une coloration à faible coût. On
vaporise un univers flou sur du vide, on ouvre des tablettes de
trente-deux dents et le bar est lancé. En ciblant la coupe du monde de
rugby à XV, le Trophée Webb Ellis, un hommage à l'inventeur du
rugby, le boss des lieux embrassait d'emblée tout un segment de valeurs,
des images et une histoire aussi. Il n'avait plus à se creuser la tête
pour la déco, ni pour donner une âme à des murs dénués de charme. Les
néons verts plaqués sur la vitrine annoncent la couleur dans la nuit. Le
patronyme Webb Ellis vient s'inscrire de part et d'autre de la
porte que l'on franchit en escaladant quatre ou cinq marches. A
l'intérieur, la chaleur vous enflamme immédiatement, pareille à
l'explosion d'un camion-citerne. On entre, on participe. Quelques écrans
plats flirtent avec le plafond, des rectangles bordés d'anthracite qui
diffusent des retransmissions de matchs historiques dans l'indifférence.
Les murs badigeonnés d'un jaune maladif, luttent avec une multitude
d'encadrements et de PLV (Publicités sur le Lieu de Vente). De vieux
exemplaires de L'Equipe ont été mis sous verre en souvenir des
exploits de la France contre l'Angleterre. Le Stade Toulousain est aussi
à l'honneur sur ces murs, un drapeau à ses couleurs mange même une
partie du plafond lie de vin. De vieux ballons de rugby craquelés par le
temps, de vieilles godasses aussi rigides que du carbone, des maillots,
des écharpes de supporters, tous ces objets sont dispersés sur les
étagères entre les bouteilles et les verres. Les gens qui fréquentent
cet endroit sont des habitués, la majorité a déjà dansé sur le bar,
certains exposent surtout leur caleçon ou leur soutien-gorge à la face
du monde en hurlant des titres de variété. Dès qu'il pousse la porte,
Arnaud aperçoit Didier, long phasme immobile accoudé au comptoir, à
gauche en entrant dans le bar."
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