mercredi 1 mai 2013

Rade Panique, par Roland Topor

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Café Panique : magie des surnoms, impressions instantanées, par celui qui rappelait parfois : "Inutile de regarder en l'air, il n'existe aucun bar correct dans cette direction", et pouvait considérer un bon rade simplement comme la pièce manquante de nos tristes appartements (Editions Wombat, 2012).

"La première fois que j'étais entré au Café Panique, en compagnie de Cul-Sec qui tenait à me présenter Verre-en-Main avec lequel, selon lui, j'étais fait pour m'entendre, j'avais trouvé l'endroit formidable. Tous les vins qu'on avait pris ce jour-là étaient bons, Deux-Minutes, la fille qui servait au comptoir, souriante, et la porte si proche qu'on avait l'impression d'être sur le trottoir de la rue de Rivoli. Ce sont des détails qui comptent, pour un bistrot. Et puis, c'est important, la lumière était belle. En partie grâce à la patine des murs et du plafond, mais aussi, peut-être, parce que les globes de verre dépoli n'étaient pas propres, il régnait une atmosphère dorée qui embellissait tout le monde. En revanche, le téléphone était au sous-sol à côté de toilettes immondes, mais, à Paris, il ne faut pas demander l'impossible.
Je m'étais bien entendu avec Verre-en-Main et les autres. On avait passé la majeure partie de l'après-midi à discuter de n'importe quoi lorsque Vau-l'Eau me demanda à brûle-pourpoint ce que je faisais dans la vie.
- Oh, des trucs, répondis-je sans me mouiller.
- Comment, tu ne sais pas qui c'est ? s'exclama Cul-Sec, vantant la marchandise. C'est un humoriste. Il fait des dessins terribles : des gens coupés en morceaux, des bébés cloués sur des portes, des pièces de théâtre où les acteurs sont envahis par la merde..."

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