dimanche 26 mai 2013

Rébou-Sans-Famille

"Vieille femme" (allez comprendre) - 
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Note pour le lecteur : les trois premiers paragraphes de la présente note confinent vraiment au foutage de gueule, n'apportent aucune information présentant un quelconque caractère d'utilité et poussent assez loin la double propension de l'Auteur (TM) à noyer le poisson tout en produisant des phrases aux dimensions quasiment insupportables (ça sent le complexe tout ça, je vous le dis), tout ceci sans but aucun. Vous aurez donc beau jeu de les passer allègrement, personne ne vous en voudra. Vraiment.
Quant aux paragraphes suivants, je ne garantis d'ailleurs rien non plus. 

Bien sûr, bien sûr, il est désormais devenu plus qu'urgent pour moi de mener à terme - enfin ! - cette fascinante réflexion sur les bars branchés (ce qu'ils sont, ce qu'on pense qu'ils sont, ce qu'ils font semblant d'être, en quoi ils se subdivisent eux aussi en sous-groupes et multitudes de chapelles identitaires à défaut d'être vraiment signifiantes de quoi que ce soit - ah oui, parce qu'il faut arrêter, aussi : l'identité, quelle qu'elle soit, ne fait pas non plus le sens - tiens tiens, belle piste que nous n'aborderons pas une fois de plus, ou alors de loin et dans trois semaines, au détour d'une digression) entamée il y a maintenant quelques jolies semaines désormais constituées comme de subtiles revendicatrices en un mois tout rond - l'Union fait la force. Et pourtant. 

Et pourtant, désolé, mais mon ébouriffante existence - suffisamment ébouriffante en tout cas pour que j'y consacre un blog-en-2013 - venant d'amorcer un nouveau coude, ma guimbarde métaphorique s'étant récemment engagée pleins phares sur une nouvelle vieille chaussée toute défoncée - ouais, bon, j'ai déménagé quoi -, la découverte en-cours d'un nouveau-quartier suscite en moi tout un paquet bien emberlificoté de considérations boiteuses, ébauches d'idées et autres embryons ou tumeurs réflexifs dont je ne peux me dispenser de vous livrer la portion thématique la plus directement liée à notre sujet d'ici, à notre soif présente et à notre terrain de jeu circonstancié : la recherche d'un nouveau repaire/repère, d'une inédite antre du genre dotée d'un zinc et garnie d'une pompe à bières - j'ai nommé, "Mon-Troquet".

Et si, c'est vrai, à l'occasion, cette note opportuniste (dans le sens où elle tombe pile-poil en fait et n'a pas nécessité un effort exagéré de conceptualisation dans la mesure où elle coule de source donc), occasionne la possibilité de peaufiner un titre humoristique aussi puissant que "Rébou-Sans-Famille" (TM) (qui fera bientôt florès sur Twitter j'en suis certain, les gens sont ainsi faits qu'ils ne respectent en rien la propriété intellectuelle surtout sur Internet allez comprendre aussi mais les serveurs sont au Groenland et mon avocat chez les nudistes c'est logique aussi) (d'ailleurs c't'amusant la structure dudit titre humoristique présente une relative parenté avec celle du titre de l'Oeuvre-à-venir, indice supplémentaire et sans doute indispensable aux limiers les moins perspicaces qui tenteront d'ici quelque mois de faire le lien entre le ce blog-en-2013 plutôt improbable en terme de Grand-Style et l'ouvrage imprimé que leur tantine leur aura peut-être offert pour leur faire les pieds), on ne va pas se plaindre non plus. Car il est bon parfois de pouvoir joindre l'humour à l'agréable, voire l'humour au plutôt déplaisant, voire au demeurant le pas-très-drôle au plutôt-pathétique : la licence poétique ne supporte aucune limite, et c'est tant mieux ainsi.

Pour ceux qui, bien avisés, ont préféré se rendre directement ici, se dispensant de l'expérience pénible de la lecture des trois premiers paragraphes, sachez donc simplement qu'il va s'agir ici non pas de poursuivre la réflexion sur les bars branchés (oui, c'était une réflexion), mais de tenter de saisir comment-on-cherche-un-nouveau-rade-de-prédilection (oui, parce que j'ai déménagé, mais bon, si vous vous posez plein de questions de ce genre, vous auriez peut-être mieux fait d'attaquer le texte par le commencement, non ? (1) Là, je crois qu'on fatigue un peu les quelques courageux qui s'y étaient bravement collés, et qui doivent être en train de souffrir en s'entendant raconter deux fois une histoire qui n'était déjà pas bien fascinante au départ).

Car enfin, en cas d'installation à proximité de nouveaux macadams, le "Rade-de-Prédilection" (2) se doit d'être choisi avec entrain, certes - parce qu'on ne va pas non plus attendre de se dessécher sur pied -, mais également toute l'attention et la sévérité du monde. De fait, le sélectionner à la Va-Vite - à moins d'apprécier n'avoir jamais tort au point de savoir faire preuve également d'une débordante mauvaise foi y compris à son propre égard, j'en connais -, c'est bien entendu risquer une rapide autant qu'amère déception, tant les attentes sont légitimement grandes. Or, qu'on se le dise, personne n'apprécie de se retrouver dans la situation penaude du couillon contraint, après avoir officiellement abonné son arrière-train aux banquettes, chaises ou tabourets de tel lieu - un acte fort, une prise de position violente, extrême, qui revient peu ou prou à adresser un doigt d'honneur géant à toute la concurrence, surtout si sucer des glaçons ne constitue pas notre activité préférée en ces eaux troubles -, de rassembler discrètement tout son barda pour émigrer sur la pointe des pieds ailleurs, parce qu'en fait non, on s'était trompé.

Ah oui, aussi, parce que, Règle d'Or numéro 372 : en rade, on ne se trompe jamais. On dit des conneries, certes, on "exagère un peu Mimile", ok,  voire on "pousse le bouchon un peu loin" mais non, jamais, jamais on ne se trompe. Admettre une patente erreur de jugement, en public, accoudé au zinc, ouvre en effet la porte à toute une série de non-moins légitimes questions, parmi lesquelles "pourquoi passer tout son temps ici ?" ou "qu'est-ce qui me prend de téter de la bibine à 15 heures ?", qui déferleront sans coup férir sur le crâne du coupable, jusqu'à le pousser parfois, ultime extrémité, à commettre l'irréparable. Soit : décider finalement de faire autre chose que picoler pépère, cerné d'inconnus dont on n'ignore quasiment plus rien, à 15 heures en semaine. En somme : basculer dans le camp ennemi, devenir un renégat, un traître, un moins-que-rien. Le désormais-Juge des occupations de ses Autrefois-compères. Beurk.

Sincèrement, je ne souhaite pas à mon pire ennemi ladite expérience, celle de longer morveux la rangée des habitués postés en un autre-lieu, plus sévères à votre égard qu'à celui du brave client de passage, auquel ils ne peuvent opposer que l'indifférence éventuellement condescendante du local quand votre cas à vous s'avère largement plus condamnable, nettement plus épineux. Vous venez en effet de replier-votre-doigt - péché mortel qui, dans l'univers de la Limonade, se classe juste un peu au-dessus, sur l'échelle du lèse-Pirate et donc en termes de mépris légitime, de l'aveu-d'avoir-commis-une-erreur décrit plus haut. Dès lors, votre statut de paria vous collera à la peau le temps qu'il vous faudra pour en faire pénitence - proportionnel de manière relativement arithmétique au temps passé à exhiber vos routines à la terrasse, en salle ou au zinc ennemis, ainsi qu'à la proximité géographique de ces derniers et au degré de votre fidélité à tel ou tel type d'établissements. 

Pour vous donner un chiffre à la louche, comptez environ une semaine de haine silencieuse par année passée ailleurs, avec un multiplicateur géographique de 8 si les deux établissements se font face ou relèvent du même patelin, 4 s'ils appartiennent au même quartier ou à la même petite bourgade, 2 s'ils appartiennent au même arrondissement ou à la même ville de taille moyenne - durée qu'il vous faudra encore doubler si les types de bar incriminés sont identiques, et même tripler si ces derniers sont au contraire inconciliables (lounge-bar/pub, troquet-du-coin/bar branchouille, etc.). L'ensemble de ces éléments ne tenant pas compte, bien entendu, de l'hypothèse "changement du patron de votre antre" qui tend plutôt à transformer, par la magie de la Solidarité-Soûlographique (TM), l'ensemble des opérations de multiplication en opérations de divisions.

Trois exemples, pour les matheux refoulés :

1. Vous avez traîné sept ans en un troquet  à bières avant de réaliser qu'il était nul en fait (vous êtes donc un peu lent à la détente, mais je ne juge pas), et décidez de migrer, inconscient, en son jumeau maléfique sis exactement de l'autre côté de la rue (parce que vous êtes une feignasse, en plus, mais je ne juge toujours pas, notez.)
Bravo, vous venez d'en prendre pour 7 x 8 x 2 =  112 semaines d'opprobre bien mérité. Dans un peu plus de deux ans, rassurez-vous, vous bénéficierez peut-être de votre première tournée du patron.

2. Après deux ans de bons et loyaux offices, une profonde crise existentielle vous pousse à décider un beau soir de cesser de hanter tous les soirs ce petit club lounge à mojitos (tout à fait pratique pour vous dégoter de jolies chargées de communication en quête de mari argenté, mais ça y est, vous avez une intuition : il vous faut de la tatouée désormais, de la cogneuse un peu aussi pourquoi pas, c'est un fait), pour lui préférer le pub irlandais du même quartier (quoique de l'autre côté de la rue Machin quand même, on ne sait jamais, qu'iriez-vous raconter, si vous les croisiez, à vos meilleurs amis toujours bien branchés par les lunettes à grosses montures ?)
Allez, ne pleurez pas, d'ici environ 2 x 4 x 3 =  24 semaines, vous serez connu et apprécié ici aussi comme le relou blanc.

3. Catastrophe, le patron de votre rade-qui-sent-parfois-un-peu-la-pisse-c'est-vrai (mais au bout de seize ans on-ne-s'en-rend-presque-plus-compte) vient de passer l'arme à gauche (paix à son âme), et son crétin de fils vient de rouvrir l'établissement  désormais enrichi d'écrans géants connectés en direct aux clips de MTV et redécoré ambiance Eden Park. Votre sang ne fait qu'un tour, et vous vous demandez si, au fond, l'odeur fort tenace caractérisant  également le bistrot d'en face  n'est pas susceptible d'alimenter efficacement votre soif de mélancolie.
Accueilli à bras ouverts, à la manière d'un boat-people (euh... qu'on accueillerait à bras ouverts disons, dans une autre dimension), ou en tout cas d'un rescapé quelconque susceptible de susciter l'empathie de tout un peuple (par exemple parce qu'il partage avec ce dernier une nationalité, une culture ou la couleur de peau majoritaire - ouais, bon, ok, pas un boat-people, donc), vous  ne tarderez pas (en fait, en 16 / 8 / 2 = 1 semaine très précisément) à intégrer foie-et-âme votre nouvelle famille d'élection.

Récapitulons : désormais, en plus d'une première "réflexion" introduite sur les bars branchés - première parenthèse toujours béante -, nous voilà aux prises avec une nouvelle thématique à traiter, à savoir : "Comment choisir son Mon-Troquet-pour-la-Vie". Deux chantiers dont personne (surtout pas moi, promis) ne sait s'ils vont déboucher sur une quelconque réalisation, vous savez comment c'est - avec les délais de commande et les retards pris parce que le sol, en fait, est perméable et qu'il faut couler une dalle de soutien non prévue au programme, tout ça, on n'est pas rendus. En tout cas, nous voila déjà bien avancés.

(1) C'est ça, hein, vous êtes donc du genre à ne pas aimer perdre votre temps mais à apprécier aussi d'être parfaitement bien informé sur tous les sujets du monde - vous êtes bien représentatif de votre époque, tiens.

(2) Aussi appelé parfois un peu stupidement "QG" par les trentenaires bien passés persuadés d'être encore jeunes, ou "Mon-spot" par ceux trop minots pour savoir que ledit terme qualifiait aussi, vers les années 80-90, les marques les moins gourmandes de l'acné juvénile.

9 commentaires:

  1. note du lecteur ( qui en l' espèce en est une): je croyais que c'était l'expression Le Taulier qui était déposée, et v'la que maintenant c'est l'Auteur...à ce train là , vous allez déposer tout le dictionnaire en sifflant trois fois?
    Quoique Sarah ça vous irait pas mal aussi, eu égard à la claudication numérique ;-)

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  2. Pour être franc, après une longue réflexion, j'ai pris ma décision : je vais commencer par déposer les articles définis, puis les indéfinis, le tout en prenant garde de n'en rien faire savoir en public (notamment sur le net), afin de pouvoir prochainement toucher un peu de blé chaque fois que quelqu'un ouvre la bouche. C'est d'ailleurs un peu ma vision de la démocratie, ça, le truc de la parole payante.
    A ce propos, je... je dois bien confesser mon ridicule, là : euh... pourquoi Sarah, en fait ?

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  3. Amputée de la jambe droite, en mars 1915, à la suite d'une tuberculose osseuse, la célèbre comédienne Sarah Bernhardt poursuivit sa carrière sans se soucier du sort réservé à son appendice. Celui-ci, pourtant, valait de l'or. Cent mille livres exactement, somme proposée par le directeur du cirque Barnum de San Francisco, désireux de la montrer dans les foires.
    un peu comme votre démarche, non? ;-)

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  4. Ah ben oui, effectivement. Si vous remplacez le verbe "amputer de la" par le verbe "se tirer une balle dans", la ressemblance devient même tout à fait troublante.
    Bon, ben je n'ai plus qu'à essayer de remettre la main sur les morceaux épars de mon corps en lambeaux, du coup. Merci du conseil.

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  5. Je me rends compte que ce que j'aime (aussi) chez toi, et ç a un rapport direct avec tes digressions écrites EN TOUT PETIT SUR FOND (JUAN) GRIS ALORS QUE J'AI PAS MES LUNETTES, c'est ton côté assez profondément surréaliste.
    Dans mes bras.

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  6. J'imagine que tu apprécies aussi ma très grande productivité, ces notes postées parfois au nombre de trois ou douze par jour, cette ébouriffante hyperactivité, tout ça. Cela dit, en termes de torture oculaire, je te rappelle quand même qu'à une époque, j'écrivais en blanc et rouge vif sur fond noir. Dans la série, c'était bien pervers aussi...

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    1. Absolument. J'apprécie aussi ta très grande productivité, ces notes postées parfois au nombre de trois ou douze par jour, cette ébouriffante hyperactivité, tout ça. Comme moi, quoi.
      (Et oui, aussi. D'ailleurs moi aussi, à l'époque. On était très stendhaliens, au fond.)

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